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Modéliser la vulnérabilité pour mieux comprendre ses mécanismes

10/12/2020
©Gerd Altmann

Le 9 décembre 2020, Dan Orsholits a défendu sa thèse et obtenu son doctorat, présentant deux modèles qui permettent d’analyser des parcours et les transitions de vie. Ceux-ci sont nécessaires pour comprendre l’émergence de la vulnérabilité ainsi que son évolution sur le long terme. En appliquant ensuite ces deux modèles à des données recueillies en Suisse et au Royaume-Uni, le Dr Orsholits a analysé les conséquences de la crise financière de 2008 sur le chômage et l’emploi précaire. Il montre que la prise en compte du contexte est primordiale lorsque l’on étudie les vulnérabilités.

La crise financière de 2008 a touché tout le monde occidental. Malgré tout, le marché du travail n’a pas engendré les mêmes situations de vulnérabilité dans tous les pays. Dans sa thèse intitulée « Modélisation des dynamiques de la vulnérabilité avec des méthodes à variables latentes », le Dr Dan Orsholits a observé des différences liées au genre et au niveau de formation sur le chômage et l’emploi précaire. Il a notamment comparé des données recueillies en Suisse et au Royaume-Uni en appliquant la méthode des courbes de croissance latente. Cette méthode, où la vulnérabilité est modélisée comme un processus continu, prend en compte des trajectoires de vie complètes. Il a ainsi observé que, bien que la Suisse ait été impactée dans une moindre mesure, les femmes restent plus vulnérables que les hommes sur le marché du travail, notamment en ce qui concerne le chômage. Au Royaume-Uni, les personnes de plus de 45 ans ont une moins grande probabilité de retrouver du travail, en comparaison avec la Suisse.

Le Dr Orsholits a également appliqué la méthode de classes latente, qui met en valeur les transitions entre différentes parties du processus de vulnérabilité. Cela lui a permis d’attester que les femmes avaient plus de chances d’avoir un travail instable que les hommes en Suisse après la crise, mais au Royaume-Uni ces chances ont diminué à la suite de la crise. En Suisse, contrairement au Royaume-Uni, les individus avec un haut niveau de formation sont devenus plus susceptibles d’avoir un emploi précaire à la suite de la crise.

La vulnérabilité – un processus sur le long terme et dépendant du contexte

Processus de la vulnérabilitéLa vulnérabilité est un concept étudié dans de nombreuses disciplines scientifiques ainsi que dans un cadre interdisciplinaire. Auprès du Centre LIVES, elle est considérée comme un processus sur le long-terme qui a lieu après l’exposition d’une personne à une source de stress. Le processus de vulnérabilité est une conséquence du fait que des individus n’ont pas les ressources nécessaires pour empêcher ou minimiser les conséquences négatives sur leur vie. C’est sur cette définition que le Dr Orsholits s’est basé pour son travail de doctorat. En marge de ce cadre, il est également nécessaire de définir si l’on souhaite observer des différences au sein de groupes de personnes (niveau méso) ou pour un même individu (niveau micro), qui pourrait réagir différemment selon le stress auquel il ou elle est soumis·e. Tous ces éléments font de la vulnérabilité un domaine d’étude complexe et mérite des modèles qui prennent en compte les trajectoires (données longitudinales), les ressources (relevant de divers domaines) et le contexte.

Le Centre LIVES propose un Programme doctoral qui s’adresse en premier lieu aux doctorant·e·s des sciences sociales et de psychologie intégrant une problématique parcours de vie dans leur travail. Ce programme vise à favoriser des cursus qui aboutissent à des doctorats de qualité dans des délais raisonnables ainsi que l'insertion professionnelle, notamment dans des carrières académiques.