La pandémie de COVID-19 a donné une forte impulsion au télétravail, qui est devenu un objet de recherche plus important que jamais. On prévoit que la numérisation du travail deviendra de plus en plus importante dans les années à venir et transformera la vie des travailleur·euses et des entreprises. Cependant, la recherche n'a pas encore apporté de réponses adéquates sur les conséquences du télétravail.
Dans certaines conditions, des études montrent que le fait de travailler loin de son bureau pourrait contribuer à atténuer les conflits avec les collègues, à accroître la flexibilité et à offrir un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. D'un autre côté, l'utilisation de plateformes numériques et la réduction des interactions en face à face ont également été associées à une diminution du soutien social, à la solitude et à des formes omniprésentes de contrôle social sur les travailleur·euses vulnérables. En substance, la pandémie nous a appris que le télétravail a un côté positif et un côté négatif.
Bon nombre des mécanismes qui constituent ces deux extrêmes semblent dépendre de la façon dont le télétravail modifie la façon dont nous passons du temps avec nos relations sociales et comment il affecte:
- les conflits entre collègues et membres de la famille;
- la mobilisation du soutien social;
- les formes de contrôle social;
- les interruptions des activités de travail.
Ce projet avance de nouvelles hypothèses sur ces quatre dimensions relationnelles et applique l'analyse des réseaux sociaux (SNA), un cadre totalement inexploré dans les études sur le télétravail, afin de les tester empiriquement. En concevant une méthode mixte longitudinale, une équipe internationale propose de collecter des données quantitatives et qualitatives sur les réseaux personnels des télétravailleur·euses en Suisse, en Espagne, en Allemagne et aux Pays-Bas, quatre pays européens présentant des caractéristiques socio-économiques, des modèles familiaux et des degrés de mise en œuvre du télétravail différents. Le projet vise à évaluer le poids explicatif de ces dimensions relationnelles sur le bien-être subjectif des travailleur·euses, en contribuant à leur compréhension grâce à des questions relevant de l'économie, de la sociologie du travail, des études familiales, de l'épidémiologie et de la psychologie de la santé.