Le 14 décembre 2022, Aurélie Chopard-dit-Jean a défendu sa thèse de doctorat intitulée « Parler de la mort en établissements médico-sociaux (EMS) et en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) : vers une compréhension psychologique du rapport à la vie et à la mort des résident.e.s ».
Lorsque les résident.e.s parlent de leur demande de mort et de leur entrée en établissement, ils.elles parlent surtout de leur expérience de la vieillesse, de la dépendance et de la mort et des enjeux physiques, spirituels, identitaires, sociaux et psychiques qu’elle suscite. La demande de mort peut traduire une difficulté à vivre et élaborer psychiquement un ou plusieurs de ces enjeux. En termes d’attachement, les résultats montrent un important évitement d’intimité chez les résident.e.s : ils.elles vivent douloureusement la situation de dépendance à autrui et ne sollicitent pas d’aide pour verbaliser et prendre conscience de ce qui leur est difficile à vivre. Ce défaut d’élaboration peut conduire à une détresse psychique qui se traduit par une demande de mort. La recherche apporte un espace de contenance manquant parfois aux résident.e.s, à leurs proches mais aussi aux professionnel.le.s, pour élaborer et ainsi prendre conscience des enjeux liés à la vieillesse, la dépendance et la mort.
La thèse souligne le rôle essentiel des psychologues et des espaces de pensée en institution gériatrique pour accompagner les résident.e.s, leurs proches et les professionnel.le.s. Ces espaces peuvent prendre la forme d’entretiens individuels, de groupes de parole ou à médiation pour les résident.e.s et leurs proches, et de groupes d’analyse de la pratique pour les professionnel.le.s.
Deux études ont été menées conjointement. La première avait pour objectif d’évaluer, grâce à l’attachement, si la demande de mort des résident.e.s était une demande d’aide, et d’analyser les conséquences de l’entrée en établissement sur cette demande de mort. La seconde visait le même objectif sans se focaliser uniquement sur le moment de l’entrée. Des entretiens semi-directifs et une échelle évaluant l’attachement ont été réalisés avec les résident.e.s.
Basée sur une approche intégrative mobilisant des concepts en psychologie sociale (continuité et discontinuité de l’identité, identité sociale) et en psychologie clinique (élaboration psychique, fonction de contenance) et la théorie de l’attachement, cette thèse propose une compréhension psychologique du rapport à la vie et la mort des résident.e.s d’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) en France et d’établissements médico-sociaux (EMS) en Suisse.