Félicitations à Vanessa Brandalesi pour l’obtention de son doctorat en sciences sociales auprès de l’Université de Lausanne. Elle a défendu sa thèse intitulée: « Je ne suis pas un utérus sur pattes » : normes de genre et expériences de femmes sans enfant en Suisse
En comparaison aux pays limitrophes, la Suisse a l’un des taux les plus élevés de femmes qui restent sans enfants. En s’appuyant sur les perspectives du parcours de vie et du genre, la thèse de doctorat de Vanessa Brandalesi analyse l’absence de transition à la maternité dans la vie des femmes, en interrogeant leurs trajectoires de vie, leurs identités, mais aussi les normes de genre qui les traversent.
La Dre Brandalesi a souhaité s'affranchir des typologies qui cadrent habituellement les thématiques démographiques et analyser la question de l'absence d'enfants sous l'angle du "faire famille". Car en effet, la Suisse reste un pays conservateur en ce qui concerne l'organisation familiale, avec l'homme « gagne-pain » et une majorité de femmes au foyer. Avec une économie libérale, en Suisse, la famille relève en politique de l’ordre du privé.
La transition à la maternité ne représente pas seulement une transition sociale, elle est aussi corporelle. Cette thèse montre ainsi comment les femmes sans enfant font l’expérience des normes de genre, jusque dans leurs corps. Pour répondre à cette question, la Dre Brandalesi a mené 56 entretiens approfondis, exploratoires et semi-structurés auprès de femmes hétérosexuelles sans enfant et de leurs partenaires. Toutes résident en Suisse, et sont âgées de plus de 34 ans. Le fait d’inclure des femmes de différents âges lui a permis de saisir les enjeux normatifs qui affectent leur parcours de vie, et de démontrer comment les normes de genre sont interdépendantes avec celles de l’âge, et qu’elles se retrouvent dans les parcours des femmes tout au long de leur vie, mais sous différentes formes.
Un des résultats-clés de cette thèse est de mettre en lumière les représentations que les femmes sans enfant se font de leur propre corps comme potentiellement maternel, ce qui soutient un discours sur l’expérience corporelle de la maternité tout en étant sans enfant. La thèse de la Dre Brandalesi contribue par conséquent à la recherche sur les parcours de vie et les études genre en proposant un examen des normes de genre et des corps (c’est-à-dire les aspects matériels d’une transition de vie attendue).
Les membres du jury Laura Bernardi (directrice de thèse), Jean-Marie Le Goff, Clémentine Rossier et Nicky Le Feuvre ont salué tour à tour la ténacité et la résilience de la Dre Brandalesi au long de son parcours de doctorante. Laura Bernardi a souligné son engagement ainsi que sa fidélité au thème de la thèse, ainsi que la richesse d'avoir récolté des données qualitatives originales dans un terrain trilingue (français, allemand et italien).